Dans un contexte de grands mouvements de grèves (26 600 journées non travaillées au total en 1959) 1, le People’s Action Party (PAP, Parti d’action populaire), a engagé, dès son arrivée au pouvoir,un processus de « transformation » des relations professionnelles dans l’objectif de constituer un système tripartite de relations professionnelles. Ce système s’est consolidé au cours des 50 dernières années et est parvenu à rassembler l’État, les syndicats, puis les associations patronales autour d’un objectif commun : garantir la paix sociale et la croissance économique. Ce modèle fait aujourd’hui face à deux enjeux majeurs (encadré 1) : stimuler la croissance des gains de productivité dans le cadre d’une politique restreignant le recours à la main-d’oeuvre étrangère ; la crainte de débordements sociaux de la part des travailleurs étrangers et d’une polarisation sociale entre les salariés qui constituent le « Singaporean Core » 2, c’est-à-dire les salariés hautement qualifiés, l’élite du futur parmi les ressortissants et résidents permanents, et les travailleurs immigrés au bas-fond du marché du travail, sachant que la cohésion sociale est une priorité forte pour les autorités.