Cet article propose une lecture transversale de ce numéro spécial portant sur les évolutions des revenus minima garantis (RMG) depuis la grande récession de 2008-2009, en particulier le niveau de protection apportée par ces dispositifs. Les RMG prennent une place de plus en plus grande malgré le reflux du chômage depuis quelques années, en raison notamment de l’augmentation de la pauvreté laborieuse et des réformes ayant altéré la capacité des autres dispositifs de protection sociale à procurer des revenus de remplacement. Les montants des ressources garanties aux bénéficiaires ont dans la plupart des pays au mieux été revalorisés sur les prix, c’est-à-dire qu’ils ont, sauf exceptions, décroché ou continué de décrocher par rapport aux indicateurs de pauvreté ou de richesse de la société.
La France a fait exception sur la période 2012-2017 avec la revalorisation du pouvoir d’achat du RSA. À l’inverse, dans certains autres pays, les RMG ont connu des baisses significatives, souvent différenciées en fonction de l’âge, de la configuration familiale voire du niveau de formation ou de l’ancienneté de résidence dans le pays. Les personnes les plus touchées par les évolutions intervenues ont été les chômeurs de longue durée, notamment ceux qui auparavant étaient protégés davantage et plus longtemps par les assurances sociales, en particulier l’assurance chômage, et, dans certains pays comme l’Irlande et le Danemark, les jeunes dont les prestations ont subi des coupes drastiques. Dans un climat empreint de xénophobie, les personnes étrangères, qu’elles soient citoyennes de l’UE ou ressortissantes d’États tiers, sont visées dans tous les pays. Leur traitement fait l’objet de débats et la tendance dominante est celle consistant à restreindre leur accès aux RMG. Plusieurs pays ont également accru les exigences ou devoirs exigés des bénéficiaires de RMG en dépit de l’inefficacité d’une telle orientation.