Avec ce numéro spécial consacré au salaire minimum, La Revue de l’IRES aborde son numéro 100 après une trentaine d’années d’existence. Créée en 1989, La Revue de l’IRES est destinée à étoffer la connaissance des organisations syndicales dans leurs nombreux domaines d’intérêt : emploi et chômage, salaires et protection sociale, politiques économiques et sociales, conditions de travail, relations professionnelles et négociations collectives… Elle vise aussi, plus largement, à enrichir les débats économiques et sociaux afin de nourrir un pluralisme d’analyses comme l’y invite la mission fondatrice de l’Ires.
Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, La Revue de l’IRES n’est pas une revue « maison ». Pensée et réalisée à l’Ires, elle accueille bien sûr des articles réalisés dans le cadre du programme de travail de l’institut. Mais elle s’ouvre aussi à des chercheurs, praticiens et experts venant d’horizons variés sur des champs disciplinaires très divers. Ce pluralisme disciplinaire constitue une des originalités de La Revue, notamment dans un monde académique de plus en plus marqué par la spécialisation. Tout en mobilisant les cadres théoriques propres à chaque discipline, La Revue de l’IRES propose principalement des analyses empiriques à différentes échelles (entreprise, secteur, pays, global) afin d’apporter aux acteurs sociaux des réflexions ancrées au plus près de leur expérience. La dimension comparative internationale, souvent présente dans les articles, permet à cet égard de faire utilement retour sur le fonctionnement des relations sociales dans notre pays.
La Revue de l’IRES est une revue à comité de lecture qui repose sur un processus original de validation des articles. À la différence de la plupart des revues qui font appel à des rapporteurs anonymes, c’est en effet l’ensemble de l’équipe de chercheurs, aux bagages disciplinaires et méthodologiques variés, qui échange avec l’auteur, en sa présence, sur la base d’une discussion amorcée par un rapporteur. Les organisations syndicales prennent également part à ce débat. Cet échange collégial direct entre les membres du comité de lecture et l’auteur nourrit un dialogue fécond dont l’efficacité ne s’est pas démentie au fil du temps. En outre, cette procédure facilite l’effort de lisibilité et permet de rendre les articles aussi accessibles que possible au lectorat très divers de La Revue : acteurs sociaux, experts, chercheurs, etc.
Le champ traité par La Revue est large et vivant, à l’image d’un monde du travail traversé en permanence par de multiples changements qui s’accompagnent de tout autant de défis. Des numéros thématiques – comme le présent numéro – alternent avec des numéros variés comportant parfois un dossier. Les derniers numéros thématiques montrent, si besoin était, l’actualité des thèmes abordés : « Les jeunes, le travail et l’engagement » ; « Europe sociale : dynamiques acteurs et enjeux » ; « Comité d’entreprise : quelle postérité ? » ; « Crise et réformes au prisme de la santé »…
La politique de diffusion de La Revue s’est rapidement adaptée au monde numérique. Depuis les années 2000, l’Ires a ouvert un site internet sur lequel il est désormais possible de consulter et télécharger gratuitement près de 500 articles de La Revue. D’autres seront bientôt disponibles, ce qui permettra d’enrichir cette base historique d’informations et d’analyses sur les relations sociales en France et à l’étranger. Les articles de La Revue sont aussi diffusés sur la plateforme Cairn afin de les rendre plus largement accessibles au monde universitaire. Enfin, une politique de prépublication sur le site de l’Ires a été adoptée depuis quelques années, ce qui permet de mettre rapidement à disposition des articles avant que le processus d’édition d’un numéro varia ne soit totalement achevé.
Le travail de recherche mené au sein de l’institut bénéficie d’une proximité sans égale avec le monde syndical. C’est probablement un des principaux atouts dont dispose La Revue et sa principale originalité dans le champ abondant des revues académiques en sciences sociales. Au regard des enjeux économiques et sociaux qui attendent les acteurs sociaux, on peut gager que La Revue de l’IRES a encore de beaux jours devant elle. Le numéro que vous avez dans les mains en est probablement – on l’espère – le meilleur témoin : il célèbre l’anniversaire du Smic tout en rappelant l’actualité des débats autour du salaire minimum.
Pierre CONCIALDI et Frédéric LERAIS*
*Chercheur à l’Ires ; directeur de l’Ires.