Alors que la France et le Royaume-Uni avaient un taux de chômage comparable en 1992, le taux de chômage français est presque le double de celui du Royaume-Uni en 1998 (respectivement 12% et 6,5%). Cette comparaison suffit-elle à faire du Royaume-Uni un « modèle » en matière d'emplois ? Un tel constat nécessite une interprétation qui est difficile parce que les deux pays diffèrent sur bien des points, que ce soit par la chronologie et l'ampleur des cycles, par les performances de productivité selon les secteurs ou encore par les modalités du partage de la valeur ajoutée. Tout se passe cependant comme si les deux économies convergeaient vers un mode de régulation de type dualiste assez semblable, les traits nationaux se manifestant surtout dans les résistances à ce processus. Si on prend un peu de recul, la différence de performances entre les deux pays s'explique principalement par les créations massives d'emplois acquises au Royaume-Uni entre 1983 et 1990 par l'extension du travail indépendant. Le recul du chômage au Royaume-Uni renvoie ensuite à l'ampleur des mouvements cycliques et à un tassement de la population active. Mais sur l'ensemble du dernier cycle, l'économie britannique ne croît pas plus vite et ne crée pas plus d'emplois qu'en France.