Cet article s'inscrit dans une perspective historique et vise à mieux comprendre le contexte doctrinal dans lequel prend naissance la résolution de la question sociale telle qu'elle émerge au début du siècle en liaison avec l'installation des premiers cabinets républicains. Entre républicains, socialistes, et syndicalistes plusieurs options s'opposent sur les formes d'interventions sociales qu'il convient de privilégier pour améliorer le sort de la condition ouvrière. Au sein même de ces divers courants politiques et sociaux le consensus est difficile à trouver. Pour secourir ces « nouveaux pauvres », ces salariés qui font partie intégrante du système productif, faut-il étendre le champ de l'assistance ou bien au contraire promouvoir une nouvelle technique de protection sociale, l'assurance, toute entière dédiée à ces salariés paupérisés ? Pour les syndicalistes de la CGT, elle aussi traversée par une grande variété de courants, la question de l'assurance sociale pose aussi problème. En matière de chômage, la vraie question n'est pas celle-ci. L'assurance-chômage est une question seconde et priorité doit être faite à la lutte contre le chômage par le contrôle syndical du marché du travail. En matière de retraite, si l'objectif de protéger les salariés devenus vieux apparaît en revanche incontestable il y a néanmoins une grande hostilité au principe de la cotisation ouvrière. Mais le grief majeur fait à la loi sur les retraites ouvrières et paysanne, finalement votée en 1910, porte sur le refus d'instaurer une assurance-vieillesse par le recours à la technique de la capitalisation. Creuset de ces nombreuses interrogations, les cabinets républicains ne parviendront pas à choisir entre assistance et assurance. En conséquence, les lois sociales adoptées au tournant du siècle dernier emprunteront à la fois à l'une et à l'autre et cela toujours en vertu du principe de solidarité.