Dans les vingt dernières années en Espagne, de profondes transformations se sont produites sur le marché du travail et au sein du système éducatif. Ces changements ont eu une grande répercussion sur la position des jeunes, à commencer par le relèvement des niveaux de scolarisation qui est un phénomène marquant depuis le milieu des années 1980. Ce relèvement a favorisé l'intégration des femmes sur le marché du travail et une amélioration du niveau de qualification de la population active. Un important phénomène de « déclassement » s'est produit lors de l'accès au premier emploi, qui s'atténue dans les emplois ultérieurs, avec une certaine prédominance d'une « logique de files d'attente ». Les jeunes se concentrent dans cinq secteurs d'activité que l'on peut qualifier de segment « secondaire ». Ce comportement de polarisation sectorielle et professionnelle - que l'on retrouve chez les femmes et les immigrés - se combine avec des effets de gestion différenciée de la main d'œuvre par les entreprises (notamment selon le degré de recours aux contrats temporaires). La situation de précarité vécue par les jeunes ne semble pas être un piège dans lequel ils resteraient prisonniers de façon permanente. On constate plutôt qu'existe un modèle d'intégration dans l'emploi similaire à celui des générations précédentes, même s'il est plus lent. Cependant, cette « transition professionnelle » se réalise selon des modes très divers selon l'origine sociale, le niveau d'éducation et le sexe.