Les taux de chômage varient considérablement à l'intérieur de l'ensemble européen, et cet article voudrait proposer quelques éléments d'explication de ce phénomène. La première partie examine l'interprétation dominante selon laquelle les meilleures performances d'emploi correspondent à une plus grande flexibilité du marché du travail, elle-même condition de la modération salariale. Or, plus les résultats empiriques ne corroborent pas cette lecture en quelque sorte spontanée, et les modèles théoriques qui la sous-tendent font apparaître des problèmes de cohérence interne. La seconde partie propose une modélisation alternative qui montre en particulier que les performances de croissance pèsent beaucoup plus sur l'évolution du chômage que l'environnement institutionnel des marchés du travail. Ce résultat n'est pas trivial, en particulier parce qu'il correspond à un resserrement du lien entre l'emploi et la croissance au cours de la dernière décennie. La qualité des relations capital-travail, plutôt qu'une modération salariale plus marquée. Cette étude suggère donc que le retour au plein-emploi passe par la stabilisation des taux de croissance obtenus depuis quelques semestres, plutôt que par la recherche d'une flexibilité accrue ou le maintien d'une modération salariale défavorable au dynamisme de la demande.