Depuis plusieurs années, l'intensification du travail est devenue un phénomène qui est régulièrement signalé dans les entreprises. Les conséquences négatives que cette évolution provoque, non seulement sur le fonctionnement des organisations, mais surtout sur la santé des travailleurs, sont multiples et souvent graves. D'autant plus que, avec les méthodes nouvelles de management, les changements continuels des organisations, l'intellectualisation du travail, les repères anciens pour évaluer les charges, les contenus, les temps, ont été abandonnés et pas souvent remplacés. D'où la nécessité d'identifier des notions et des méthodes d'appréhension, de mesure de l'intensité, capables de fournir aussi un diagnostic des causes de l'intensification. La recherche illustrée par l'article développe trois approches, pour cerner la complexité du phénomène : - une approche « économique et quantitative, sur plusieurs questions : économie de temps, notions de productivité et d'intensification, taux et intensité d'utilisation du capital et du travail, modalités de détermination des temps de travail ; - une approche valorisant la « subjectivité des travailleurs », les analyses et les décodifications des transformations en entreprise par les salariés concernés ; - une approche qui explicite les modalités d'appréhension et de codification des notions d'intensité et de productivité de travail de la part des directions et des hiérarchies d'entreprise, en relation à des modèles différents d'organisation du travail mis en place. Les deux premières approches ont été utilisées dans les trois expériences décrites dans l'article, alors que la troisième est utilisée dans une recherche actuellement en cours.