Cet article est consacré à une discussion critique de l'étude de Guy Laroque et Bernard Salanié paru dans Economie et statistique, la revue de l'INSEE. Cette dernière est dorénavant utilisée comme la référence scientifique qui établirait que la moitié des chômeurs le sont volontairement, qu'un autre quart est inemployable, et que seul le quart restant serait écarté de l'emploi pour des raisons autres que leurs caractéristiques et comportements. Dans un tel contexte, l'augmentation du Smic ne pourrait que détruire des emplois : mieux vaudrait baisser encore les cotisations sociales et les minima sociaux. Il se trouve que ces résultats catégoriques sont établis sur la base d'un modèle tellement imprécis qu'il aurait dû être rejeté. Les salaires qui décident, au franc près, de l'employabilité des moins qualifiés, ne sont en fait connus qu'à 60 % près. Le gain net qui déclenche la recherche d'un emploi est souvent négatif et, dans le meilleur des cas, compris dans un intervalle de confiance extravagant (- 4000 à + 12000 francs pour les femmes en couple). D'autres critiques se rajoutent à ce constat, et notamment celle qui porte sur l'expulsion des jeunes, des travailleurs âgés de plus de 50 ans, ainsi que des personnes occupant un emploi à temps partiel. Les catégories de non-emploi qui n'existent que dans le monde des concepts ne sont donc identifiées qu'avec un flou considérable, qui rejaillit sur la décomposition proposée : celle-ci est dépourvue de toute fiabilité.