La reconfiguration des groupes, au-delà de son effet le plus visible en terme de restructurations et de désengagement de sites, pose de façon renouvelée la question des relations des grandes entreprises aux territoires. L'observation des politiques d'implication locale conduites par plusieurs groupes permet de conforter l'idée que l'investissement durable dans les territoires peut constituer un moyen efficient d'accompagnement de la gestion de l'emploi et du travail des entreprises. Au cours des trois dernières décennies, un nombre croissant de grandes entreprises françaises ont lancé des politiques d'appui au développement local. Celles-ci apparues dans des contextes de restructuration, avaient pour objectif de soutenir l'activité économique et l'emploi afin de faciliter la reconversion des salariés et des sites. Dans cette perspective, des aides aux PME et des actions en « partenariats » avec les acteurs économiques, politiques et institutionnels locaux, ont été multipliés. Toutefois, ces interventions ne se limitent pas à ces contextes, elles sont aussi mises en œuvre dans des phases d'expansion des groupes. Au-delà de leurs effets directs sur l'emploi, notre hypothèse est que ces politiques peuvent concourir à l'organisation de marchés locaux du travail. En développant des coopérations avec les acteurs locaux, des ajustements quantitatifs et qualitatifs de l'emploi plus fins peuvent être réalisés, sans les discontinuités inhérentes aux situations où l'entreprise est isolée de son environnement. Après avoir abordé les différents domaines dans lesquels ces politiques peuvent accompagner la gestion des ressources humaines des groupes, nous analysons en quoi elles sont susceptibles de promouvoir des intermédiations en réseaux sur le marché du travail.