La reprise de l'emploi en France est spectaculaire : 1,6 million d'emplois ont été créés depuis 1997. Le plein emploi qui, il n'y a pas si longtemps, était présenté comme une illusion hors d'atteinte, redevient un objectif plausible de la politique économique, et un sujet de rapports. Cet article s'interroge sur les fondements économiques de ce retournement, que l'on peut observer aussi bien en France qu'en Europe. On commence par un repérage des performances d'emploi, qui débouche sur un résultat majeur (et moins tautologique qu'il y paraît) à savoir l'influence déterminante de la croissance sur l'emploi. On s'interroge ensuite sur l'enrichissement en emploi de cette croissance qui n'est pas un phénomène universel et ne renvoie pas non plus à un facteur unique. Comme les résultats obtenus pointent vers le rôle du commerce extérieur, on examine plus en détail les déterminants de la compétitivité de chacun des pays. On constate alors que la compétitivité relative des pays européens dépend beaucoup plus du taux de change que du coût salarial. L'enquête se focalise ensuite sur le cas français et l'on montre le caractère insatisfaisant des explications du dynamisme récent de l'emploi par les baisses de charges sociales. Cet examen critique conduit à proposer une lecture alternative qui « réhabilite » le rôle de la réduction du temps de travail. C'est le passage aux 35 heures combiné à la conjoncture favorable qui explique les créations d'emplois. Celles-ci sont donc fragiles et menacées par des politiques macroéconomiques inadaptées qui s'accompagneraient d'un nouveau gel du processus de réduction du temps de travail.