Le Comité de politique économique (CPE), organe placé auprès du Conseil des ministres des finances (Ecofin), a récemment rendu public un rapport sur l'impact du vieillissement sur les systèmes de retraite. Les informations qui ressortent du rapport sont les suivantes : sans réformes des systèmes de retraites, les évolutions démographiques impliqueront un fort accroissement des dépenses de retraite par répartition d'ici à 2050, et en conséquence, une hausse de la dette ; le statu quo n'est donc pas « soutenable » du point de vue des finances publiques ; il est nécessaire de limiter le poids et le rôle des systèmes par répartition, c'est-à-dire de restreindre les versements futurs au moyen de diverses mesures portant en particulier sur le montant des prestations et sur l'âge de la retraite ; il convient également de favoriser les dispositifs entièrement provisionnés et les dispositifs individuels et collectifs gérés de manière privée. Ce document propose de revenir sur ces résultats et recommandations politiques. Cet examen se justifie pour plusieurs raisons : le raisonnement du rapport est l'archétype de la vision dominante au niveau des institutions communautaires européennes sur ce qu'est le problème des retraites et sur ce que devraient être les solutions ; le rapport s'inscrit dans un contexte où les retraites par répartition sont et surtout vont être surveillées de plus en plus étroitement dans le cadre du Pacte de stabilité et de croissance par les autorités en charge des affaires économiques ; il a été largement repris par la presse et joue le rôle de caution scientifique s'imposant à tous les acteurs au niveau communautaire. Cet article montre d'abord que les méthodes et les hypothèses de travail présentées comme rigoureuses et scientifiques s'avèrent sujettes à caution. Il présente ensuite les résultats et préconisations du rapport et montre qu'ils n'ont pas tous le statut d'évidence et surtout que leur enchaînement, en apparence très logique, est contestable. Enfin, l'article prend appui sur le rapport pour en tirer d'autres enseignements. Plusieurs aspects centraux à l'analyse des réformes de retraite, non abordés dans le rapport, sont discutés : l'impact à venir des réformes des quinze dernières années sur le niveau futur des retraites ; la question des modes de financement des retraites, en particulier la place réservée aux cotisations ; l'importance de la confiance pour l'avenir des retraites par répartition.