Durant la décennie 90, la structure d'encadrement des entreprises françaises a considérablement évolué, en donnant priorité aux fonctions de gestion des savoirs et des relations avec l'extérieur. Cette dynamique devait modifier en profondeur la place et le rôle des cadres dans les entreprises ainsi que leurs comportements sur le marché du travail. La figure traditionnelle du cadre, détenteur d'une formation technique ou scientifique de haut niveau et exerçant une fonction de commandement par délégation de l'employeur est remise en cause. Il en va de même avec la norme de la « carrière à vie » et de la mobilité interne, pièces maîtresses du « pacte de confiance » signé entre les cadres et les directions au sein des organisations fordiennes du travail. Dans un contexte où les frontières qui séparent la firme du marché sont de plus en plus floues, où la séparation entre travail et non travail s'estompe, les cadres se chercheraient une nouvelle identité professionnelle, beaucoup plus proche du cadre « ingénieur des connaissances » que du cadre « ingénieur des méthodes ». Cette nouvelle figure s'accompagne d'un « effet de distanciation » des cadres vis-à-vis des entreprises repérable sur le marché du travail par le développement d'une mobilité stratégique fondée sur l'acquisition et le développement des compétences et de savoir-faire organisationnel. Cette mobilité stratégique irait de pair avec l'émergence d'un marché professionnel atypique.