L'affaire Enron informe sur le mode d'existence du « capitalisme de copains à l'américaine ». Elle met en particulier en évidence la responsabilité de la communauté financière dans cette affaire et dans les nombreuses autres affaires qui mettent en cause les firmes américaines. L'article analyse la communauté financière comme un groupe social uni par des intérêts communs. A partir des années quatre-vingts cette communauté a forgé des institutions, qualifiées de marchés financiers qui lui ont permis d'étendre sa puissance et d'augmenter sa prospérité. Elle a bénéficié d'un certain nombre de facteurs favorables, parmi lesquels figurent les mesures prises par les gouvernements. La mobilisation des institutions étatiques et des groupes privés a conduit à un activisme réglementaire qu'il faut appeler réglementation néolibérale plutôt que dérèglementation. La prospérité de la communauté financière a été fondée sur sa relation au monde de la production, celui ou prennent place les processus de travail qui créent la valeur. Un nouveau type de relations s'est mis en place entre la communauté financière aux groupes industriels, dont l'évaluation financière et la stratégie ont connu de profondément modifications analysées dans l'article. L'interaction entre communauté financière et les groupes industriels a donné naissance à un nouveau type de capital financier. Le pouvoir oppressif du rentier n'aura sans doute jamais été aussi fort dans l'histoire du capitalisme moderne car la globalisation financière est pour une large part le moyen utilisé par le capital financier pour déployer sa logique d'appropriation de la valeur à l'échelle planétaire.