Aux Etats-Unis, un nouveau pouvoir financier s'est affirmé, qui a donné lieu à une redéfinition des rapports de force au sein du secteur financier. Ce pouvoir a pu s'affirmer et se consolider grâce à des changements institutionnels ayant marqué l'économie américaine dans le milieu des années 70, qui ont canalisé d'énormes flux d'épargne retraite vers les marchés financiers. Il est incarné au premier chef par les investisseurs institutionnels qui sont porteurs de nouvelles exigences et revendiquent leurs droits de propriété. Il a contribué à façonner un modèle d'entreprise spécifique, tant du point de vue de sa rationalité économique que de son organisation interne, à partir de la recherche privilégiée d'une optimisation de la rentabilité des capitaux propres incarnée par la valorisation du cours de bourse. Il a été aidé en cela par des passeurs proches ou issus des milieux de la finance, que sont les professionnels de l'expertise et du conseil. Le modèle d'entreprise qui en découle est marqué par une fragilité endogène : il est en effet très fortement corrélé à la performance boursière et au fonctionnement des marchés financiers, et porteur d'une instabilité à plus ou moins long terme. En outre, ce nouveau pouvoir financier s'est avéré relativement peu efficient en matière d'allocation du capital, compte tenu du coût exorbitant de levée des capitaux sur les marchés financiers qui a profité surtout aux grandes firmes de Wall Street. Il a également conduit à une redistribution des richesses fort asymétrique en direction des dirigeants d'entreprise.