Tous les pays de l'Union européenne sont engagés depuis une dizaine d'années dans des processus de réformes de leurs régimes de retraite. Cette transformation majeure d'un des piliers des systèmes de protection sociale affecte directement les modes de financement des pensions publiques et, par voie de conséquence, les ressources des retraités actuels ou futurs. Pour éclairer ces enjeux, l'IRES et le réseau ENRSP (European Network for Research on Supplementary Pensions) ont organisé au mois d'octobre dernier une conférence internationale dont cet article présente les principaux enseignements. Malgré la diversité des modalités concrètes des réformes dans chaque pays, l'approche comparative permet de mettre en évidence la similitude des problèmes que ces réformes soulèvent. En particulier, les transformations en cours vont avoir un impact négatif, parfois considérable, sur le niveau moyen des pensions. Par ailleurs, ces réformes régressives devraient également accroître les risques supportés par les salariés et favoriser le développement de dispositifs en capitalisation. Pourtant, dans tous les pays où de tels dispositifs ont été mis en place, leur développement soulève de nombreux problèmes (caractère très volatil des marchés financiers, distribution foncièrement régressive des aides fiscales qui sont apportées à ces dispositifs, accroissement des inégalités entre hauts et bas salaires, entre générations ou entre hommes et femmes). En définitive, ces éléments d'évaluation des réformes en cours font, pour le moins, peser un doute sérieux à la fois sur le bien fondé de ces réformes d'un point de vue économique, mais aussi sur le caractère équitable des transformations engagées.