D'un point de vue juridique, la négociation collective n'a de place ni dans la fonction publique française, ni dans les entreprises publiques à statut. Pourtant, on assiste bel et bien à un développement de la négociation collective selon des modalités empruntées au secteur privé. Ce rapprochement du modèle public des garanties statutaires et du modèle privé des relations contractuelles se heurte pourtant à un certain nombre d'obstacles, comme d'abord l'absence de sécurisation des procédures de négociation. Deux expériences étrangères, allemande et italienne, éclairent des voies possibles de contractualisation des relations de travail. A côté de la sécurisation juridique, un certain nombre d'éléments sociologiques et politiques apparaissent comme nécessaires à la réussite d'une stratégie de négociation collective. L'absence de marges de manœuvre, du fait du resserrement des contraintes économiques, explique souvent l'échec des négociations. Mais le succès de négociations complexes suppose aussi une certaine souplesse stratégique de part et d'autre ainsi que des relations de confiance entre négociateurs. Le développement du dialogue social se heurte aussi à la faible capacité du syndicalisme public à incorporer les intérêts spécifiques de ses adhérents dans des compromis englobant un plus grand nombre de salariés - trop vite baptisée « corporatisme catégoriel » - et à la faible expérience de négociation des hiérarchies administratives intermédiaires.