L'article porte sur la mise en œuvre d'une mesure de sélection d'une « immigration choisie » et les liens entre les conditions juridiques faites aux étrangers et l'accès au marché du travail. Dans un contexte de réformes successives des politiques d'immigration, l'intérêt d'une investigation empirique est de centrer l'attention sur les conditions pratiques de mise en œuvre de telles politiques publiques. L'investigation empirique effectuée à partir d'analyses quantitatives de dossiers administratifs et d'entretiens a porté sur la procédure de « changement de statut » qui permet de passer du statut d'étudiant à celui de travailleur étranger et d'évaluer les effets induits par une circulaire de 2002 visant à assouplir cette procédure. L'article présente les principaux résultats de l'étude : le caractère particulièrement dissuasif de la procédure pour les étudiants et les employeurs ; le traitement différencié selon que l'emploi est proposé par un employeur du secteur privé ou du secteur public ; le constat du peu d'effets de la circulaire de 2002 ; les différences de pratiques entre les administrations départementales du travail chargées de la sélection. Enfin, le constat d'une délivrance plus fréquente d'une carte de séjour temporaire « travailleur temporaire », plus précaire, à la place d'une carte « salarié », soulève la question déterminante du statut juridique des travailleurs migrants et de la relation de dépendance induite par ce statut vis-à-vis des employeurs.