Les plates-formes de mise en relation professionnelle et de cooptation peuvent apparaître, ou être présentées, comme des moyens de dépasser certaines des limites actuelles du recrutement par Internet. En s'appuyant sur les processus sociaux de diffusion, de filtrage et de recommandation, elles seraient de nature à orienter précisément recruteurs et candidats les uns vers les autres, à réduire le « bruit » qu'ils perçoivent sur le marché du travail en ligne et à permettre la circulation d'une information qualitativement riche, support d'une évaluation plus efficace.
Mais encore faut-il pour cela qu'Internet permette d'accroître la productivité de la mobilisation des réseaux sociaux tout en conservant l'aptitude de ce canal à transmettre des formats spécifiques d'information. On peut ainsi se demander si, en industrialisant le recours aux réseaux et en mettant en avant une démarche a priori plus ouverte (accessibilité et transparence accrues), les réseaux sociaux numériques n'affectent pas la capacité de ce canal à transmettre des informations qualitatives. Par ailleurs, plus que n'importe quelle entreprise de service, les plates-formes de mise en relation et de cooptation sont soumises aux contraintes d'une coproduction du service avec leurs usagers, lesquels négocient avec les objets techniques qui leur sont proposés pour parvenir à leurs fins. Dès lors, leurs usages sont parfois très différents de ceux prévus par les concepteurs et peuvent dévoyer les objectifs initiaux du service.