L'ambition de ce travail est de contribuer à éclairer les destins professionnels des médecins à diplôme hors UE dans les hôpitaux publics français pour tenter de comprendre les processus de différenciations patentes et latentes qui s'opèrent avec les nationaux. Recrutés sur des emplois précaires (faisant fonction d'interne, attachés associés?), ils sont le plus souvent cantonnés à des statuts ne s'accompagnant pas d'un plein droit d'exercice. En créant des catégories à part, le droit tend à induire des conduites de dépréciation et peut ainsi valoir autorisation à ce type de jugements. Ces phénomènes ne peuvent être dissociés des caractéristiques propres à la médecine qui forme un marché fermé institutionnalisé. Ce cadre réglementaire général dont dépend largement la question des médecins à DE est responsable pour ces derniers de trajectoires professionnelles particulières, exposées à la précarité et à diverses formes de déclassement. Au-delà de ces contraintes, être médecin diplômé hors UE, c'est être confronté également à l'imaginaire de la société d'accueil qui nourrit des attentes stéréotypées à l'égard de cette catégorie de professionnels, vis-à-vis desquelles ils semblent en discordance et qui les conduisent à des adaptations de comportement. La signification de tels phénomènes ne se limite pas au seul cas de ces médecins.