Le marché de l'investissement socialement responsable a récemment émergé en France et notamment suite au travail de l'agence de notation extra- financière ARESE. Cependant, cette agence a été rachetée en 2001 par Vigeo et ne tient plus aujourd'hui le rôle fédérateur et institutionnalisant qu'elle a tenu à la fin des années 1990. Nous montrons au travers d'une analyse des relations de collaboration du marché de l'ISR que la fonction des agences de notation, qui ont pourtant été à l'origine du marché, est complètement remise en question aujourd'hui. En effet, leur action est assez décrédibilisée aux yeux des gérants. Dans ce contexte, les syndicats peuvent intervenir dans la qualification de ce type d'investissement encore assez incertain qu'est l'ISR. La circulation de l'information extra-financière ne reposant plus sur les agences, les syndicats ont la possibilité d'endosser ce rôle, au moins pour le volet social. Ils participent en effet à une stratégie de validation d'une information certainement plus qualitative et informelle que l'information standardisée offerte par les agences. De plus, grâce au CIES, ils s'affirment en tant que représentants des salariés dans le cadre de l'épargne salariale socialement responsable. Il s'agit pour l'instant de l'un des rares clients institutionnels identifiés de l'ISR. En outre, l'épargne salariale est soumise à un débat sur son ouverture vers des retraites capitalisées. Le ou les rôle(s) des syndicats dans ce marché deviennent alors déterminants : ils peuvent désormais compter sur une ou des forme(s) de légitimité au sein d'un monde financier qui les a longtemps ignorés et ainsi garder la capacité de politiser ce débat.