La Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) est définie comme « l'intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes ». Cet article introductif ambitionne de saisir la RSE dans ses dimensions sociales, économiques, managériales, juridiques et politiques. Au-delà de son enrôlement dans des logiques de communication, la RSE mérite d'être considérée comme une entreprise collective qui s'est développée, en France, depuis les années 1990. Désormais reconnue par le législateur à travers la loi sur les Nouvelles Régulations Economiques (NRE) de 2001, elle s'inscrit plus largement dans un contexte européen et international.
La RSE est ici conçue comme une réponse volontaire aux pressions de l'environnement institutionnel de l'entreprise et comme une volonté politique d'autorégulation. Démarche active de la part d'une partie des chefs d'entreprise et des milieux d'affaires, elle tend à défendre une conception des relations entre entreprises et société et entre entreprises et salariés reposant sur une vision particulière de la place et du rôle légitime de l'entreprise dans le monde du travail et la sphère politique.
Elle traduit particulièrement une évolution des relations entre les entreprises et les représentants traditionnels de salariés, les syndicats. En adoptant de telles démarches, les entreprises cherchent à se prémunir contre une intervention publique trop contraignante. Ce refus de régulation publique se double de l'apparition de nouveaux acteurs (ONG et associations) qui deviennent des interlocuteurs légitimes au même titre que les organisations syndicales et avec lesquels se définissent des modes de relation reposant sur des chartes et divers textes relevant du domaine déclaratif. Ramenés à un statut de partie prenante parmi d'autres, les partenaires syndicaux risquent d'en être contrariés dans leurs capacités d'action et le sens qu'ils donnent à celles-ci.