L'analyse des performances des grandes entreprises cotées en France sur longue période, fondée sur leurs comptes consolidés, montre qu'à partir du milieu des années 1990 et jusqu'à la crise financière de 2008-2009 celles-ci ont réussi à répondre aux exigences de rendement des marchés financiers. Au cours de cette période, les résultats obtenus s'expliquent par la conjugaison d'une série de facteurs qui dessinent les traits caractéristiques des grandes entreprises cotées à l'ère du capitalisme financier. Ces traits sont au nombre de cinq : l'obtention d'un puissant effet de levier fondé sur un écart entre la rentabilité économique des entreprises et les taux d'intérêt auxquels elles contractent leurs emprunts ; une progression significative de leur taux de rendement économique imputable à la hausse de leur taux de marge ; un développement accéléré de leurs activités à l'étranger, notamment en Europe, qui soutient l'augmentation de leur taux de marge ; une croissance externe qui se traduit par des opérations de fusion-acquisition de large envergure, notamment sur le marché mondial ; et une politique de distribution généreuse de dividendes qui ne compromet pas les capacités d'autofinancement de l'investissement compte tenu de la pression exercée sur les salaires et, dans une moindre mesure, de la baisse des charges d'intérêts. Mais il en résulte de fortes tensions sur le prix du capital qui conduit à une politique sélective de l'investissement et qui est de nature à compromettre la croissance et le niveau de l'emploi sur le territoire national comme dans les pays les plus développés de l'Union européenne.