La crise de l'amiante a en partie libéré la critique syndicale à l'endroit des substances toxiques que les travailleurs manipulent ou inhalent. Cet article souligne néanmoins les limites de cette dynamique, en étudiant les modalités selon lesquelles les syndicats recourent à la science pour dénoncer les dangers d'autres toxiques professionnels depuis une quinzaine d'années. Pour cela, il analyse les mobilisations syndicales françaises en faveur de l'interdiction des éthers de glycol, solvants soupçonnés d'être toxiques pour les fonctions de reproduction. En comparant les controverses qui ont entouré ces substances en France et aux États-Unis, il montre comment le travail étiologique que mènent les organisations de travailleurs pour faire reconnaître des liens causaux entre travail et santé se trouve fortement modelé par des contraintes d'ordre juridique, politique et économique propres à chacun des pays étudiés.