Dès la fin du XIXe siècle, les puissances européennes ont tenté d’instaurer une concurrence loyale et de lutter contre le « dumping social » à l’échelle internationale. Très vite, ces États se sont rejoints sur la nécessité d’élaborer un cadre social pour y parvenir. Il devait être composé de conventions sociales expérimentées dans l’Europe de l’Ouest en pointe sur la question ouvrière, pour ensuite être diffusées dans le monde. L’OIT, qui apparaît de ce fait comme l’aboutissement de ces travaux, poursuivit ces réflexions, notamment celles relatives à une « Europe sociale ». En fait, derrière cet espace marqué par une législation sociale commune aux puissances européennes et prôné par des membres de l’institution, il y avait un modèle démocratique et productiviste, soucieux de préserver tant les intérêts des ouvriers que ceux du patronat. Il s’agit donc de s’interroger sur ce modèle et sur les évolutions qu’il a connues, notamment sous l’impulsion de l’OIT, donc sur ce qu’est l’« Europe sociale ».