L’austérité est un médicament destiné à réduire les symptômes de la dette et du déficit et à soigner la récession. Elle consiste à diminuer les dépenses médicales en matière de couverture médicale, d’assistance aux chômeurs et d’aides au logement.
Stuckler et Basu (2013), Préface.
Les politiques d’austérité instaurées en France et au Royaume-Uni depuis les années 1990, renforcées après la crise de 2008, ont conduit à une rationalisation drastique des dépenses de santé, en particulier pour les dépenses de médicaments qui représentent une part importante des dépenses de santé. Bien que les politiques menées dans les deux pays semblent très différentes, cette rationalisation a pris la forme d’une privatisation accrue, d’un durcissement des mécanismes de contrôle des prix des médicaments les plus coûteux et d’incitations à la consommation de médicaments les moins chers, comme les génériques. Les firmes pharmaceutiques n’ont pourtant pas beaucoup souffert de ces mesures. Si elles ont d’abord réagi en acceptant provisoirement de développer la production de médicaments génériques, elles ont, à partir de 2012, déployé un nouveau modèle de production de médicaments innovants à prix élevés, fondé sur les biotechnologies et la médecine personnalisée. Cette stratégie, menée avec la bienveillance des systèmes de santé, s’appuie sur une production externalisée permettant aux firmes de réduire leurs risques financiers et de réaliser d’importants profits.