La loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel », votée en 2018, cherche à passer d’une obligation de moyens à une obligation de résultats sur les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes. Elle s’appuie sur l’idée que les discriminations pourraient se mesurer, offrant ainsi des quantifications pour piloter l’action. Cet article rappelle qu’en réalité, cette prétention est illusoire d’un point de vue statistique en revenant sur les deux approches les plus souvent mobilisées : les analyses statistiques dites « toutes choses égales par ailleurs » et les testings statistiques. Il explique en quoi ces outils ne permettent pas de quantifier l’ampleur des discriminations, sans en remettre en cause l’intérêt. L’absence de mesure n’oblige pas à renoncer à l’action. Elle doit plutôt être une invitation à la réflexion et aux approches interdisciplinaires qui ne font pas du chiffre la pierre angulaire de la preuve.