Quelles sont les formes de l’engagement des jeunes au travail ? C’est à cette question que le présent numéro spécial cherche à répondre. Par engagement au travail, il s’agit de saisir à la fois l’investissement dans l’activité de travail en elle-même, l’attachement voire la « passion » mise à la tâche (Leroux, Loriol, 2015), mais aussi toutes les modalités d’engagement autour de la « cause » du travail, comme de s’impliquer durablement dans le militantisme, par exemple syndical, et/ou dans l’action protestataire. Ces champs de recherche renvoient bien souvent à des spécialisations disciplinaires distinctes, la sociologie du travail et des relations professionnelles d’un côté, celle des mouvements sociaux de l’autre. Les travaux empiriques nous montrent pourtant que les dynamiques de mobilisation au travail et sur le travail sont bien souvent interdépendantes, même si leurs relations sont complexes. L’engagement dans la tâche participe parfois d’un rapport vocationnel au travail qui peut contribuer à délégitimer toute forme de protestation individuelle ou collective. L’engagement requis pour l’accomplissement d’une tâche peut même tout simplement conduire à dénier sa qualité de travail, porteur de droit et producteur de valeur, comme dans le cas du bénévolat (Simonet, 2018). Inversement, la défense du métier, de la professionnalité ou d’une certaine idée du « travail bien fait » peuvent tout autant jouer comme des ressorts décisifs des mobilisations au travail (Capdevielle, 2001). Sur le plan individuel, l’analyse des relations entre carrières militantes et carrières professionnelles s’avère tout aussi riche et complexe (Giraud, 2014).