En nous appuyant sur une enquête menée auprès de jeunes coiffeuses-esthéticiennes, ouvriers du bâtiment et informaticiens, nous interrogeons le rapport des jeunes salariés aux représentants du personnel et aux syndicats, dans des secteurs marqués par une faible syndicalisation. Les jeunes salariés rencontrés ne comptent pas parmi les plus touchés par la précarité. Toutefois, ils n’en évoluent pas moins dans des configurations professionnelles défavorables à l’exploration des « voies du collectif » et, plus précisément ici, de la représentation des salariés. L’article met ainsi en évidence la diversité des mécanismes qui creusent une distance entre ces jeunes salariés et les instances représentatives du personnel (IRP), et nuance l’idée d’un rejet des représentants du personnel et des syndicats, qui ne constitue en fait qu’une seule variante de l’attitude de distance. Du point de vue des jugements portés à l’égard du syndicalisme, une entrée par la socialisation permet de rendre compte de représentations hétérogènes et socialement situées de la conflictualité et de la lutte.