Cet article s’intéresse aux expériences salariées et relationnelles des « petites mains » de l’Éducation nationale, à savoir les agents subalternes du travail éducatif que sont les accompagnantes d’élèves en situation de handicap (AESH) et les assistantes d’éducation (AED), deux catégories fortement genrées et précaires. Les tensions professionnelles que connaissent ces agentes renseignent sur les ambivalences socio-territoriales auxquelles l’institution scolaire est confrontée. L’Éducation nationale parvient à tirer profit d’un travail de care, c’est-à-dire d’un investissement émotionnel et gratuit des salariées qui multiplient les prises en charge censées compenser le manque de personnel scolaire et d’autres dispositifs d’accompagnement social à l’échelle locale. L’étude de deux collèges en réseau prioritaire, dans une petite commune et en milieu urbain, montre comment le travail relationnel permet de couvrir les défaillances institutionnelles au sein d’un territoire paupérisé.