Dans le champ des relations professionnelles comme dans le reste de la société, la crise sanitaire liée à la pandémie du coronavirus a brutalement posé la question du changement. En tant qu’événement inattendu, elle semble avoir produit une coupure entre un avant et un après, déplaçant les limites du possible et du pensable. Elle a libéré une multitude de discours relatifs à la redéfinition et à la revalorisation des activités essentielles, à la moralisation ou à la démocratisation des entreprises, ou encore à l’élaboration d’un modèle productif davantage protecteur de la nature et du vivant. Elle a provoqué faillites et bénéfices records selon les secteurs économiques, bouleversant les rapports de forces entre les acteurs du capitalisme de plateforme et les industries traditionnelles, mais aussi entre employeurs et salarié·es à la faveur d’un assouplissement accru du droit du travail. Les suppressions d’emplois, la socialisation massive des revenus et la réorganisation des activités sous contrainte sanitaire transforment les sociabilités professionnelles et le rapport au travail, autant que les stratégies d’action syndicale.
À y regarder de plus près, nombre de ces évolutions étaient en réalité en gestation, que l’on songe aux réflexions sur la gouvernance des entreprises ou sur le « verdissement » du capitalisme, à la digitalisation de l’économie et des relations de travail, à la flexibilisation du droit du travail ou à l’attention syndicale aux problématiques d’environnement. La crise sanitaire, avec ses répliques sur le terrain économique et social, semble ainsi surtout donner l’occasion d’une accélération sans précédent de ces évolutions. Notre appel à communication entend ainsi contribuer à l’analyse des échelles et des temporalités du changement dans les relations professionnelles et dans le syndicalisme, en replaçant les bouleversements liés à l’actualité sociale et sanitaire dans des évolutions de plus longue durée.
Axe 1 – Pratiques syndicales et usages du droit au regard des transformations récentes du Code du travail
Axe 2 – L’action collective des travailleur·ses atypiques
Axe 3 – Vers une numérisation du travail et des relations professionnelles
Axe 4 – Quelles négociations et conflits en contexte de réorganisations ?
Axe 5 – Relations professionnelles et syndicalisme à l’aune de la crise sanitaire
Les propositions de communication préciseront la démarche de recherche adoptée. L’analyse de cas étrangers ou la comparaison internationale sont les bienvenues. Elles devront compter environ 3 000 signes et être déposées sur le site de l’AFS avant le 29 janvier 2021. Elles doivent impérativement indiquer le ou les axes dans lesquelles elles peuvent s’insérer.