En avril 2022, les organisations patronales et syndicales décident d’adopter chaque année un « agenda social et économique paritaire » pour affirmer leur autonomie face à un agenda social fixé unilatéralement par le gouvernement. Cependant, au début de 2023, le gouvernement est à nouveau à l’initiative, faisant planer un doute sur la capacité qu’ont ces organisations de s’accorder sur un programme de négociations qui traduise des priorités communes.
Éclairages
Courts et accessibles, Les Éclairages décryptent des questions d’actualité aux enjeux économiques et sociaux forts. Parfois issus de travaux de recherche menés à l’Ires, ils peuvent mettre en lumière des aspects peu connus ou débattus d’une question d’une actualité particulière.
La troisième loi Auroux et la négociation d’entreprise dérogatoire
Loin d’être récente, la possibilité de conclure des accords collectifs d’entreprise dérogatoires à des textes de rang supérieur est introduite dès les lois Auroux de 1982, pourtant largement saluées pour leurs avancées en matière de droit du travail. Comment expliquer ce paradoxe ?
Vivre au minimum : des dépenses qui augmentent plus vite que l’inflation
Dans son rapport 2014-2015, l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes) a publié des budgets de référence qui évaluent le coût du panier de biens et services nécessaire pour accéder à un niveau de vie minimum décent. Au premier semestre 2022, le montant actualisé de ces budgets est compris entre 1 634 euros par mois pour une personne seule et 3 744 euros pour un couple avec deux enfants. Pour tous les ménages étudiés, la hausse de ces budgets a été plus forte depuis 2014 que celle observée pour l’évolution moyenne des prix. Quand les adultes du ménage travaillent à temps plein au salaire minimum, les ressources salariales sont insuffisantes pour atteindre ces budgets minimums. Ce déficit s’observe pour tous les ménages, sauf pour les couples biactifs (avec deux Smic) sans enfants.
Covid 19, nombre de lits de soins critiques à l’hôpital et répartition entre les régions : quelles logiques suivent les pouvoirs publics ?
Entre 2013 et 2020, le nombre de lits de soins critiques a moins augmenté (10,8 %) que les besoins, le nombre de personnes âgées ayant augmenté de 14,2 % sur la même période. Face au Covid-19, ces moyens n’ont pas toujours suffi. En outre, cette évolution depuis 2013 a été très différenciée selon les régions, sans lien avec leurs besoins et, depuis 2019, sans lien non plus avec la dynamique épidémique… ce qui pose la question légitime de savoir sur quelle logique les décisions des pouvoirs publics sont prises en la matière.
Réduire les inégalités entre Mayotte et les autres régions françaises : quel niveau de dépenses publiques ?
La situation économique et sociale à Mayotte présente, à tous points de vue, une situation très dégradée par rapport aux autres régions françaises. Les besoins pour rattraper les retards et des décennies de délaissement, ou même seulement pour garantir des droits équivalents en comparaison des habitants des autres régions, sont très importants. À cet égard, l’effort exceptionnel en faveur de Mayotte affiché dans le nouveau projet de loi déposé par le gouvernement est-il à la hauteur ?
Coûts et profits du logement cher
Depuis 35 ans, les dépenses de loyers ont fortement augmenté. Du côté des bailleurs, ce phénomène s’est traduit par une forte croissance des profits dans le secteur locatif privé. Réciproquement, du côté des locataires, ces
dépenses dites « contraintes » ont fortement augmenté, ce qui a dégradé leurs conditions de vie. Depuis 2017, ces difficultés se sont accentuées avec les coupes claires opérées par le gouvernement dans les aides au logement.
Au début de la crise sanitaire actuelle, de nombreux pays ont pris des mesures pour atténuer le poids des dépenses de logement. En poursuivant aujourd’hui sa politique de régression des aides au logement, le gouvernement français emprunte le chemin inverse et fait figure d’exception.
L'industrie française des équipements médicaux à l'heure du coronavirus
La France montre une vulnérabilité systémique dans l'industrie des équipements médicaux. Les interdépendances créées par le commerce mondial et par l ‘insertion des entreprises françaises dans les chaines de valeur mondiales sont des explications insuffisantes. Bien que disposant d'atouts significatifs (niveau élevé de qualification des salariés, recherche publique de pointe), l'industrie des équipements médicaux souffre des choix stratégiques des groupes et de ceux effectués depuis des décennies en matière de politique industrielle. Les mesures prises au niveau européen ne doivent pas masquer l'urgence d'une réindustrialisation du territoire national.
L’assurance chômage est par nature redistributive
Deux notes complémentaires récemment publiées par l’Institut des Politiques Publiques apportent un éclairage original pour les débats relatifs à la réforme de l’assurance chômage. A l’aide de techniques sophistiquées d’exploitation de données statistiques, les auteurs fournissent des informations riches d’enseignements sur son impact redistributif. Ces résultats sont mobilisés pour préconiser la généralisation d’un système de bonus-malus à l’ensemble des employeurs. On serait tenté d’y voir un point d’appui précieux à une revendication qui est soutenue de longue date par l’ensemble des organisations syndicales. Toutefois, les thèses sous-jacentes paraissent être en contradiction avec l’expérience historique et avec les fondements théoriques de l’assurance chômage.
Le chômage partiel, un outil protéiforme au centre des politiques de l’emploi depuis plus d'un siècle
Aider directement les entreprises pour les inciter à ne pas licencier et à conserver leurs salariés en vue de pouvoir relancer pleinement leur production à l'issue d'une période de crise : telle est la philosophie du chômage partiel – ou activité partielle, depuis 2013– qui, de la Première guerre mondiale à la crise sanitaire du coronavirus, n'aura eu de cesse d'évoluer au gré des crises successives. Retour sur l’un des outils les plus anciens des politiques de l'emploi.
En temps de crise, des salariés très inégaux face au travail
Si la pandémie en cours affecte depuis la mi-mars dernier au moins tous les secteurs de l'économie et tous les salariés, les situations de ces derniers face au travail sont variées. De nombreuses enquêtes réalisées pendant le confinement, dont l'enquête d'une équipe du CEVIPOF exploitée dans cet éclairage, ont mis au jour d'importantes inégalités face au travail pendant la crise. En effet, chacune des situations face au travail est associée à une dégradation plus ou moins importante des conditions de travail des salariés, à une diminution plus ou moins sensible de leur rémunération et à un accroissement plus ou moins conséquent du risque de perdre leur emploi.