Sous la responsabilité scientifique de J. Dirringer, C. Nizzoli et A. Rauly
Dans le prolongement de la recherche menée par l’équipe transSEN, ce colloque est une invitation à penser, imaginer, voire tester de nouvelles formes de régulation des ressources, du travail et du pouvoir qui se veuillent véritablement émancipatrices.
Aujourd’hui, dans le cadre de l’économie de plateforme, l’ordre économique se charge de mettre en place une forme de dialogue social, un ersatz de protection du risque santé, un semblant d’accompagnement sur le marché du travail, et même une forme d’encadrement du pouvoir unilatéral et disciplinaire exercé par les plateformes. Cette entreprise de duplication des garanties construites par le droit social repose sur un imaginaire où le travailleur, seul et prétendument indépendant, peut être protégé par le seul fonctionnement du marché et en dehors des cadres et des protections forgés par le droit social. Cet imaginaire, même s’il est puissant, n’est qu’un trompe-l’œil. La précarité persistante des travailleurs de plateformes permet de le penser.
C’est pourquoi un retour à l’ordre social nous semble souhaitable si ce n’est nécessaire. Mais comment, sans être ébloui par le mirage de l’indépendance, ne pas retomber dans les apories de la subordination dans lequel s’enferre l’ordre social actuel ? Si l’économie de plateforme est un laboratoire de pensée dans lequel certains imaginent soumettre le monde du travail à l’ordre marchand, on peut à l’inverse l’aborder comme un espace idéal pour penser, à partir de travailleurs qui sont aujourd’hui comme atomisés, des protections et des nouvelles formes de solidarités.
Inscriptions
pour le 9 mars : tinyurl.com/2ddscuu8
pour le 10 mars : tinyurl.com/yckhp34t
Programme
Mercredi 9 mars après-midi
14h00
Le droit à la subsistance au-delà de l’emploi
Séance animée par Amandine Rauly, économiste, maîtresse de conférences, Université. de Reims, Regards
Quel(s) système(s) de protection sociale, au-delà de l’exacte qualification des relations contractuelles ?
Isabelle Vacarie, professeur émérite, Université Paris-Nanterre
Allocation universelle et travailleurs de plateformes
Jean-Sébastien Gharbi, économiste, maître de conférences, Université de Reims
Jeudi 10 mars
9h30
L’organisation de/du travail au-delà de la subordination
Séance animée par Josépha Dirringer, juriste, maîtresse de conférences, Université Rennes 1 et Fabrice Rosa, juriste, professeur, Université de Reims
Imaginer un droit du travail émancipateur
Emmanuel Dockès, juriste, professeur, IETL et CeRCriD, Lyon 2
Construire un droit universel du producteur
Benoît Borrits, chercheur indépendant, auteur et concepteur de la Sécurité économique (pleinemploi.org)
La plateforme comme organisation du travail : le cas du jobbing
Claude Didry, sociologue, directeur de recherche au CNRS, Centre Maurice Halbwachs, UMR 8097 et Marine Snape, sociologue, doctorante et ATER à l’École Normale Supérieure Paris-Saclay
14h00
Le syndicalisme et l’action collective au-delà du dialogue social
Séance animée par Cristina Nizzoli, sociologue, chercheuse à l’IRES
et Sophie Béroud, politiste, professeure à l’université Lumière Lyon-2
Mutualisme et syndicalisme en France : une longue séparation
Michel Dreyfus, historien, directeur de recherche émérite au CNRS (Centre d’histoire sociale des mondes contemporains)
L’autonomie collective des travailleurs VUP (vulnerable and underrepresented persons) : identification de quelques enjeux à partir du cas de Smart Belgique
Auriane Lamine, juriste, professeure de droit social à l’UCLouvain