En cet incertain mois de juin 2024, l’ambition initiale de l’Ires trouve une vigoureuse actualité : « nourrir le pluralisme des débats économiques et sociaux pour soutenir la qualité de la délibération et la possibilité de négociations utiles des entreprises, des branches, ou avec les pouvoirs publics ». Matignon, France Stratégie, l’Insee, la Dares, la Drees, les six confédérations syndicales, les personnalités scientifiques : toutes les parties prenantes de l’Ires ont été unanimes pour défendre et renforcer la mission initiale de l’Institut. Sous la présidence mobilisatrice de Fabrice Coquelin, nous avons mené d’importants chantiers de rénovation du fonctionnement de l’Institut, notamment de son Agence d’objectifs, qui soutient l’effort de recherche des organisations syndicales. Nous continuerons à les déployer sous ma présidence aux côtés du directeur général, Frédéric Lerais.
L’Ires, un dialogue entre recherche et action
L’Ires est à l’interface de deux mondes qui pourraient avoir tendance à s’éloigner. Pour le monde social et les acteurs syndicaux, la recherche aiguise le regard sur le terrain, donne sens à des situations économiques vécues et parfois subies et renforce la capacité d’agir en priorisant les enjeux. En témoignent notamment les nombreuses études sur l’impact des ordonnances Macron sur le dialogue social, les contributions à l’ouvrage Que sait-on du travail ? ou encore le numéro de la Chronique internationale de l’Ires sur les syndicats et les enjeux environnementaux, qui a permis de nourrir les débats entre chercheur·es et syndicalistes lors des Entretiens de l’Ires de février 2024. Pour le monde de la recherche, la familiarité avec les logiques syndicales s’ajoute à l’exigence de rigueur scientifique : aider à formuler les questions sociales d’actualité, rendre compte d’ambivalences des acteurs syndicaux dans l’action (par exemple sur la transition écologique et numérique), pointer les ruptures de doctrine économique, vulgariser les analyses techniques pour les acteurs de la démocratie sociale. Puisque nous vivons une décennie d’incertitudes, étayons nos capacités réciproques à comprendre les grandes ruptures et nos pratiques. Nos décisions n’en seront que meilleures.
L’Ires, résolue pour la démocratie sociale
L’Ires est un outil de la démocratie sociale, et ce peut être sa fragilité : les ressources de l’Ires sont dépendantes de la vision de la démocratie sociale du Premier ministre . Le budget prévisionnel est cette année déficitaire au point que les réserves deviendraient négatives, fragilisant de fait les capacités d’analyses de l’Ires. Nous attendons du Premier ministre des ressources à la hauteur des enjeux.
Fabrice Coquelin me passe le témoin ce mois-ci à l’Assemblée générale. Je salue l’engagement et la chaleureuse ténacité dont il a fait preuve à chaque instant !
Avec le Bureau, nous ferons en sorte que le défi continu de l’Ires depuis 40 ans se poursuive : que des chercheur·es puissent dialoguer avec les acteurs sociaux pour identifier les spécificités de nos systèmes économiques et sociaux, à tous niveaux, pour cerner et actionner les cordes de rappel démocratiques existantes dans chacun d’entre eux. Depuis 40 ans, nous n’en avons peut-être jamais eu autant besoin.
Anne-Florence QUINTIN, nouvelle présidente de l’IRES