Les jeunes ont subi de plein fouet la crise économique depuis 2008 et sont particulièrement touchés par le chômage et les précarités. Qu’ils soient étudiants, salariés, « faux indépendants » ou naviguant entre ces différents statuts, ils et elles ont été au cœur des nombreuses mobilisations contre l’austérité des dernières années. Si les questions du travail et de l’insécurité sociale sont redevenues centrales dans les mouvements sociaux, les syndicats sont loin d’apparaître comme la seule médiation pour les porter, certains allant même jusqu’à parler d’un « alter-activisme » se développant contre les formes traditionnelles d’action collective, ou à côté d’elles. Des mobilisations récentes comme celles des livreurs à vélo oscillent entre le recours syndical et l’affirmation autonome, faisant écho à d’autres phénomènes passés (coordinations, collectifs d’emplois-jeunes…). Lors des mobilisations de 2016 en France, certains secteurs protestataires ont remis au goût du jour l’idée que le problème était peut-être moins la loi (travail) que le travail lui-même.
Plutôt que de reproduire les habituels débats sur les oppositions entre « anciens » et « nouveaux » (militantismes, mouvements sociaux…), cette journée d’études vise à documenter empiriquement des expériences concrètes de mobilisations des jeunes autour de la question du travail. En croisant la sociologie du travail et des relations professionnelles avec celle des mouvements sociaux, il s’agit de réfléchir concrètement à la façon dont les nouvelles générations redéfinissent sur le tas l’expérience du travail et les revendications qui vont avec, en s’appropriant des catégories anciennes ou en en inventant de nouvelles, en investissant les organisations existantes ou en créant d’autres cadres.
En quoi l’expérience générationnelle façonne-t-elle les représentations du travail ? Sous quelles conditions les jeunes salariés s’engagent-ils aujourd’hui encore dans les syndicats ? Quelle place trouvent-ils au sein de ces organisations ? Qu’en est-il des formes de mobilisation « para-syndicales » ? Quelles relations celles-ci entretiennent-elles avec les syndicats ? Comment les jeunes salariés s’approprient-ils plus largement les ressources juridiques du droit du travail, des institutions représentatives du personnel aux prud’hommes, pour faire valoir leurs intérêts ? Quelles ressources, quels cadres d’action collective « bricolent » les jeunes qui se retrouvent en situation de travail sans avoir pour autant le statut de salarié ? Hors des lieux de travail, dans les occupations de places comme Nuit debout ou dans les organisations politiques et associatives, quelle place les jeunes accordent-ils à la question du travail ? Les notions de « précaire » ou de « précariat » offrent-elles aujourd’hui des identités collectives de substitution à celle de travailleur, et comment s’articulent-elles à l’expérience générationnelle ? Plus largement, les trajectoires d’engagement des jeunes militants traduisent-elles de nouveaux modes d’articulation entre les identités (professionnelle ou de classe, de genre, de race, etc.) ?
Journée d’étude jeudi 20 septembre 2018
de 10 h à 17 h 30, à l’IRES, Noisy le Grand (RER A)
Programme :
9h30 Accueil (café, viennoiseries)
10h-10h30 Introduction Karel Yon (CERAPS, Université de Lille/CNRS)
10h30-12h30 Mutations du travail et du rapport au travail ?
« Jeunes travailleuses et travailleurs de la production engagée : articuler activité professionnelle et convictions », Diane Rodet (CMW, Université Lumière Lyon 2)
« Des expériences aux exigences : le travail et l’engagement citoyen de “jeunes” participants à Nuit debout », Alexandra Bidet (CMH, CNRS), Carole Gayet-Viaud (CESDIP, CNRS)
« Rapports (critiques) au travail et mobilisations de livreurs à vélo », Chloé Lebas (CERAPS, Université de Lille)
Discussion : Camille Dupuy (DySoLab, Université de Rouen, CEET)
14h-15h45 Les ressorts de la (non) mobilisation syndicale
« Devenir syndicaliste dans la sous-traitance automobile »,
Juan Sebastian Carbonell (CMH, ENS),
« Caractériser l’absence de recours aux représentants du personnel, aux syndicats et à la grève : la distance de jeunes salariés vis-à-vis des “voies du collectif” », Camille Trémeau (CENS, Université de Nantes)
Discussion : Marcus Kahmann (IRES)
16h-17h30 Table-ronde : quels défis pour le mouvement syndical ?
Avec des représentants d’organisations de jeunes et de syndicats
Animation : Sophie Béroud (Triangle, Université Lyon 2)
Participation libre, sur inscription à contact[arobase]ires.fr ou 01 48 15 18 90
Se rendre sur place :
IRES Institut de Recherches Economiques et Sociales
16, boulevard du Mont d’Est
93160 Noisy-le-Grand – 9ème étage
RER A : arrêt Noisy le Grand – Mont d’Est
Autoroute A4 : sortie Noisy le Grand – Mont d’Est
Contacter les intervenant.e.s :
sophie.beroud[arobase]univ-lyon2.fr
camille.dupuy[arobase]univ-rouen.fr
marcus.kahmann[arobase]ires.fr
ynkarel[arobase]yahoo.fr