Projets

Les stratégies des groupes industriels, l’emploi et le système productif national

2021-2023 , En cours
Claude SERFATI, Catherine SAUVIAT
CFE-CGC

Ce contrat de recherche avec la CFE-CGC (Agence d’objectif) porte sur la politique industrielle dans les télécommunications et la pharmacie. Elle a donné lieu à la remise d’un rapport intermédiaire, qui donne à voir la structure du rapport final et l’état d’achèvement des cinq parties qui le composent.

Mots-clés : politique industrielle, emploi, système productif, télécommunications, pharmacie.

Le rapport final s’efforce de mettre au jour dans une première partie les modèles d’affaires de ces deux secteurs, leurs stratégies de compétitivité (coût et hors coût), d’innovation (ruptures technologiques), leurs modes d’insertion dans les chaînes mondiales d’approvisionnement, les logiques d’externalisation et de délocalisations mais aussi les stratégies de financiarisation qui les caractérisent et qui ont participé du processus de désindustrialisation en France. La deuxième partie du rapport offre une mise en perspective des politiques industrielles en France depuis la Seconde Guerre mondiale avec le passage de politiques verticales à des politiques horizontales puis à un mixte des deux. Malgré un relatif renouveau à partir des années 2000 sur la base du constat partagé de la désindustrialisation, cette partie met l’accent sur la force des inerties. Ainsi, ces politiques industrielles ont toujours été axées sur les grands groupes (champions nationaux) qui occupent un poids prédominant dans le système productif et qui exercent sur les PME une pression sur les coûts, quand ils ne les rachètent pas. Elles sont aussi très dispersées (saupoudrage), et prennent souvent la forme d’un empilement successif de mesures d’ampleur financière souvent significative mais sans objectif et ciblage précis. Ce sont enfin des politiques industrielles en creux dans la mesure où elles reposent principalement sur la baisse du coût du travail (baisse des cotisations sociales) et des formes de subventionnement de l’innovation, qui restent peu ciblées sur l’industrie. La troisième partie du rapport montre que les pouvoirs publics n’ont pas accordé la même importance ni la même attention à l’industrie pharmaceutique et à celle des télécoms. Dans le cas de la pharmacie, il n’y a jamais eu de politique industrielle ambitieuse c’est-à-dire dotée d’une vision stratégique pour le secteur et de moyens suffisants. La pharmacie n’a pas, jusqu’à récemment, été considérée comme une industrie souveraine ou stratégique à la différence des télécoms qui, à partir des années 1960, font partie des secteurs réputés stratégiques. À ce titre, l’industrie des télécoms a bénéficié d’un objectif d’innovation ambitieux, elle a été dotée jusque dans les années 1980 de moyens financiers abondants et récurrents et a bénéficié de l’expertise d’une grande agence étatique et de la commande publique. Ces trois premières parties sont déjà largement rédigées.
Les parties 4 et 5 du rapport final sont en cours de réalisation. La partie 4 a pour objectif d’aborder la place des politiques industrielles autour d’un nouveau modèle de production et d’emplois, à partir d’une comparaison des initiatives prises en Allemagne et en France en faveur de l’industrie 4 .0 (appelée industrie du futur en France). Marcus Kahmann, du groupe relations professionnelles, participe à l’élaboration de cette partie du rapport. La partie 5 s’efforce de faire émerger des propositions de politiques industrielles alternatives à celles existantes. Ces deux parties reposent principalement sur des entretiens auprès des acteurs concernés en France et en Allemagne (pouvoirs publics, organisations syndicales, associations professionnelles, experts). Certains ont d’ores et déjà été réalisés, d’autres sont en cours actuellement.