Avec Virginia Mellado et Sophie Rétif (IDHES-Nanterre), Arnaud Trenta coordonne le projet intitulé « Renforcer le pouvoir d’agir des salariés en insertion. Les innovations associatives dans le secteur de l’insertion par l’activité économique » et financé par l’INJEP (2021-2023). Cette recherche interroge les capacités d’innovation des associations du secteur de l’insertion par l’activité économique pour renforcer le pouvoir d’agir des salariés qu’elles emploient dans le cadre d’un parcours d’insertion.
Inscrits dans des dispositifs d’insertion, les salariés des associations de l’IAE sont aux prises avec des catégories d’action publique qui encadrent leurs statuts, leurs parcours et leurs transactions identitaires. À la fois employés d’une organisation productive, bénéficiaires de l’aide sociale et membres d’une association, ces salariés doivent composer avec des systèmes normatifs puissants – et parfois en tension – comme le marché du travail, la protection sociale et la citoyenneté pour négocier leur place et leur rôle dans les structures de l’IAE en particulier et dans la société en général. Les représentations dont ils sont l’objet et les interactions qui trament leur vie quotidienne façonnent les trajectoires sociales de ces acteurs et, in fine, conditionnent leur processus d’insertion. Dans cette optique, la recherche vise à analyser la manière dont ces différents registres du travail, de la solidarité et de la citoyenneté s’articulent au sein des associations de l’IAE et comment ces articulations renforcent – ou pas – le pouvoir d’agir des salariés en insertion. Le projet s’articule autour de deux axes : (1) la conception des dispositifs visant à renforcer le pouvoir d’agir et (2) les usages de ces dispositifs dans les associations.
Le premier axe étudie les différentes innovations visant à renforcer le pouvoir d’agir des salariés en insertion. Certains dispositifs sont déjà connus et expérimentés : convention collective commune aux salariés en insertion et aux salariés « encadrants », instance spécifique sur la santé et les conditions de travail (ISCT), certificat de qualification professionnelle (CQP), etc. L’analyse porte, d’une part, sur les débats et les processus ayant abouti à leur adoption et, d’autre part, sur les représentations des associations, des organisations syndicales et des acteurs publics sur ces dispositifs. Le second axe de la recherche interroge les usages de ces dispositifs à partir d’enquêtes ethnographiques dans des associations porteuses d’ateliers et chantiers d’insertion. En croisant les pratiques et les représentations des salariés en insertion, des salariés « encadrants » et des membres bénévoles des associations, l’objectif est de comprendre comment ces différents acteurs s’emparent – ou non – des dispositifs existants.
L’objectif de la recherche est d’analyser les formes de participation des salariés en insertion aux instances du dialogue social et de la gouvernance associative, et les effets sur leurs trajectoires socio-professionnelles. L’analyse vise à montrer si certaines propriétés sociales des salariés en insertion et des dirigeants et salariés associatifs tels que le genre, l’âge, les trajectoires sociales et les expériences d’emploi ont des effets sur les formes d’appropriation de ces dispositifs et sur les processus de renforcement du pouvoir d’agir. La recherche questionne notamment la place des jeunes dans ces dispositifs dans un contexte où l’insertion de cette population se pense de plus en plus à travers la catégorie d’engagement. En 2021, une analyse socio-historique du dialogue social a été menée au niveau de la branche professionnelle des chantiers d’insertion. En 2022, trois monographies de chantiers d’insertion ont été réalisées dans l’ouest de la région parisienne (Yvelines, Hauts-de-Seine) et deux sont en cours de finalisation dans le département du Maine. Le rapport de recherche sera remis à l’INJEP au printemps 2023.