Si les études quantitatives permettent de conclure à un effet positif sur les trajectoires individuelles du passage par un dispositif d’accompagnement, notamment en termes de retour à l’emploi, il n’est en revanche pas possible, dans les travaux existants, de saisir pleinement ce qui opère, ou non, dans le cadre de tels dispositifs d’accompagnement, ce qui peut faire système.
En repartant des travaux de nature qualitative croisant pratiques des conseillers et expériences des personnes accompagnées, le présent document de travail cherche à ouvrir la boîte noire de l’accompagnement en rendant visible la pluralité des effets qui interviennent dans le fonctionnement concret des dispositifs. Il met en évidence, que pour produire des effets probants, l’accompagnement doit être pensé comme la résultante d’une construction stratégique misant délibérément et conjointement sur des effets de situation, des effets d’organisation et des effets de contexte.
Miser sur des effets de situation, c’est agencer la situation d’accompagnement de telle sorte qu’il est possible d’en attendre quelque chose en propre : concevoir par exemple les entretiens comme l’occasion pour le conseiller de partir des ressources qu’apportent, parfois sans le savoir, les personnes accompagnées pour produire une stratégie ajustée à leurs situations. De ce point de vue l’accompagnement est plus qu’un temps d’écoute bienveillant.
Miser sur des effets d’organisation suppose d’aménager la possibilité, au sein des organisations et des espaces de travail dans lesquels opèrent les conseillers, d’avoir des marges de manœuvre permettant d’ajuster leurs pratiques à « l’esprit » d’un dispositif. C’est-à-dire que les impératifs de reporting n’imposent pas une façon de fonctionner qui ne laisserait plus d’espace pour déployer des stratégies d’accompagnement.
Miser sur des effets de contexte enfin, nécessite que le conseiller ait la possibilité de travailler avec le contexte plutôt que de considérer celui-ci comme une donnée s’imposant à la personne et nécessitant que cette dernière s’y ajuste.
L’accompagnement, dans le cadre de pratiques probantes, s’avère être orienté par une stratégie combinant au moins les trois dimensions ainsi repérées. Ceci conduit à ne pas le réduire à un lien personnalisé entre un conseiller et la personne accompagnée – sur lequel se focalise fréquemment l’attention.
Enfin, à l’appui de ces développements et des écarts constatés entre les pratiques probantes et les autres, le document de travail s’ouvre sur une réflexion relative aux différentes conceptions de l’accompagnement qui émergent. Deux conceptions affleurent : un accompagnement comme juxtaposition de prestations, versus un accompagnement comme service intégré coproduit avec la personne accompagnée.