Le projet SECOIA DEAL, piloté par la CFE-CGC en collaboration avec ses partenaires (IRES, Astrées, CIDA et U2P) auxquels se sont associés (la CEC European Managers, l’ONG AlgorithmWatch, la Fondation Brodolini, l’organisation Ledarna) a constitué et réuni durant deux années une communauté d’acteurs européens d’horizons variés (experts IA ; experts RH, éditeurs de logiciels, avocats, syndicalistes, dirigeants de petites entreprises, manageurs, chercheurs, …) partageant l’envie de travailler collectivement sur le sujet de l’Intelligence Artificielle et du Dialogue Social. La méthode de co-construction déployée par la communauté SECOIA Deal (choix des thèmes d’exploration et d’expérimentation, élaboration des outils mis à disposition) préfigure en elle-même une forme nouvelle de dialogue enrichi.
Après deux années de travail intensif, riche et passionnant, le projet européen SECOIA Deal (Servir la Confiance dans l’IA par le Dialogue) a adressé fin avril à la Commission Européenne ses principales conclusions et propositions dans un rapport disponible en cinq langues.
SECOIA Deal s’est attaché à explorer les transformations engendrées par l’IA sous l’angle économique, en questionnant la création et le partage de la valeur, et sous l’aspect organisationnel, en s’intéressant aux conséquences managériales et à l’évolution des compétences des manageurs dans le contexte du déploiement de l’IA.
Les travaux de la communauté ont mis en évidence trois spécificités de l’IA qu’il convient de considérer pour un dialogue social amené à « se professionnaliser ». Il s’agit de la temporalité (avec le processus itératif et donc toujours inachevé des systèmes IA) ; de l’espace (avec le décloisonnement des activités) ; de la relation (au sens des interactions avec les utilisateurs). Le dialogue renouvelé se doit d’englober l’ensemble de ces dimensions tant dans les thèmes abordés (outils, métiers, tâches, compétences, organisation, etc.), que sa temporalité (amont, aval), les parties-prenantes concernées ou encore son périmètre (entreprise, filière, chaine de valeur, etc…).
Ces transformations structurantes nécessitent d’établir un climat de confiance, dans le même esprit que celui que propose le règlement européen en cours d’adoption sur l’IA qui encadre les systèmes IA, tout particulièrement ceux dits « à haut risque » et prévoit des règles de transparence, de contrôle, de sécurité et de gouvernance, où les représentants des salariés ont un rôle de « vigie opérationnelle » à jouer pour apporter plus d’efficacité à cette régulation.
Les réponses apportées par la communauté du projet se veulent avant tout pragmatiques. Elles prennent la forme de « briques opérationnelles » à mobiliser aux choix des utilisateurs (négociateurs, experts). Le renouvellement du dialogue social et de ses modalités ne pourra être effectif qu’en partant des usages, en adoptant une approche « Bottom Up », en partageant les diagnostics et en sensibilisant et accompagnant tous les intervenants concernés (dirigeants, manageurs, salariés et représentants des salariés) à l’aide de formations dédiées, telles que dessinées par le projet.
Lors de la conférence finale du projet à Bruxelles le 17 janvier dernier, la Communauté SECOIA Deal avait publié un manifeste. En cette journée de la fête de l’Europe et de l’année européenne des compétences pour contribuer notamment à la transition numérique, elle rend public son rapport expliquant et détaillant les propositions du projet pour une diffusion dans l’ensemble des pays membres.