Le lien emploi-logement : La prise en charge syndicale de la question du logement au révélateur des transformations du travail et de l’emploi

Alors que la question du logement des salariés semblait résolue au milieu des années 1970 avec l’arrêt de la construction des grands ensembles, elle pointe à nouveau depuis une quinzaine d’années en relation avec la hausse des prix immobiliers et les transformations du travail et de l’emploi. Plusieurs signes indiquent ainsi que, pour une proportion croissante d’individus, le salaire ne constitue plus une garantie d’accéder à un logement décent à coût abordable ou de se maintenir dans celui-ci. Pour certains observateurs, ces difficultés auraient même pour effet, dans le contexte économique actuel, de peser sur les trajectoires professionnelles ainsi que sur la création de l’emploi. Cette étude vise à informer la réalité du lien emploi-logement à l’aune de l’intervention mise en oeuvre par les organisations syndicales sur ce thème. Elle s’efforce de saisir ce lien en tant qu’il soumet l’action syndicale au révélateur des transformations à l’oeuvre dans la sphère du travail – accroissement de la mobilité professionnelle, précarisation de l’emploi salarié – et des effets qui en résultent sur la définition des besoins en logement. L’analyse montre que la CFDT s’attache actuellement à bâtir une approche revendicative liant emploi et logement. Elle souligne en même temps les lacunes de la prise en charge d’une question – celle du logement – dont on sait qu’elle constitue un enjeu majeur pour une large part de la population, mais qu’elle demeure fondamentalement un domaine périphérique de l’action syndicale.
L’étude s’efforce de contribuer à la régulation de ce paradoxe en formulant une série de propositions visant à orienter la réflexion de la CFDT sur ce thème. Remobilisant une partie des interventions mises en oeuvre dans les territoires autour du lien emploi-logement, lesdites propositions invitent notamment la CFDT à identifier le caractère innovant de ces interventions et à y puiser matière à nourrir l’approche qu’elle tente actuellement d’élaborer autour de la notion de logement comme élément de la sécurisation des parcours.