En France, depuis le début des années 1980, le taux moyen de syndicalisation avoisine les 11%. Il s’agit de l’un des taux les plus faibles des pays de l’OCDE. A l’heure où les corps intermédiaires et la démocratie sociale sont bousculés, le développement de l’adhésion est plus que jamais vital pour les organisations syndicales.
L’étude « semer, … et récolter » a initialement pour but d’identifier les « bonnes pratiques » de la CFDT en la matière. Cependant, l’enquête révèle rapidement que le sujet est bien plus vaste et plus complexe : derrière l’identification des bonnes pratiques se cachent des enjeux politiques et des interrogations fondamentales pour le syndicalisme moderne. La définition même du développement est réinterrogée, mettant au jour des conceptions plurielles, voire opposées. Les questions de mesure, d’évaluation, de priorités et de modalités d’action ouvrent des réflexions qui touchent au coeur du modèle de syndicalisme d’adhérents.
A la fois processus et finalité, le développement syndical est pétri de paradoxes et de dilemmes avec lesquels les équipes et l’organisation doivent composer, dans un environnement de plus en plus contraint. L’étude en présente dix, qui se retrouvent dans les sept chapitres qui composent le rapport d’étude. Quatre enquêtes de terrains complètent l’analyse et apportent un éclairage concret sur les enjeux actuels du développement syndical. Elles sont, consacrées aux usages des réseaux sociaux, aux stratégies de syndicalisation des jeunes, des cadres et des livreurs à vélo des plateformes.
L’étude conclue sur le rôle essentiel du développement comme moteur de l’action syndicale. Syndicalisme et développement tendent alors à se confondre : le syndicalisme est à l’image de son développement, et réciproquement. Une définition politique partagée du développement redevient donc essentielle.
Cinquante entretiens semi-directifs approfondis ont été réalisés pour cette étude. Une phase exploratoire a été menée auprès de responsables confédéraux, fédéraux (FCE, Santé Sociaux, Services) et régionaux (Aura, Occitanie). Des entretiens ont ensuite été réalisés auprès de responsables et militants sur les dossiers « jeunes » (n=8), « cadres » (n=6), « réseaux sociaux » (n=14) et « livreurs à vélo des plateformes » (n=13). Un entretien a été réalisé auprès d’une responsable syndicale belge de l’UNPC. Des observations de réunions et de formations « cadres », ainsi que l’analyse documentaire des rapports d’activité des congrès CFDT de 1964 à 2024 complètent ce dispositif de recherche qualitative.