Si le télétravail était une pratique peu répandue avant les années 2020, elle était néanmoins en cours d’expansion. La crise sanitaire de la Covid-19 a conduit à accélérer ce mouvement. Comment le télétravail modifie les modalités d’organisation, de représentation et de travail des collectifs impliqués dans les activités productives ? L’étude apporte des réponses à cette question à partir d’une enquête menée sur le recours au télétravail dans les secteurs de l’assurance et de l’assistance. Elle déploie, en mobilisant des méthodes qualitative (36 entretiens avec 41 acteurs et actrices, analyses d’accords et de documentations) et quantitative (via un questionnaire approfondi auquel ont répondu plus de 1130 adhérent·e·s CFDT de la Fédération Banques et Assurances), trois thèmes principaux. Le premier porte sur les négociations du télétravail à l’échelle d’une branche (celle des assurances) puis des entreprises : comment se déroulent-elles et quels compromis en sont issus ? Une seconde entrée s’intéresse aux effets du télétravail sur les collectifs syndicaux, du côté des élu·e·s, des militant·e·s et des adhérent·e·s et de leurs relations aux salarié·e·s et aux directions. Les effets du télétravail sur les collectifs salarié·e·s sont enfin analysés : comment le télétravail transforme les relations entre salarié·e·s, avec leurs managers et manageures et leurs hiérarchies ?
L’étude analyse les processus de négociation au niveau de la branche puis de trois entreprises enquêtées dans le secteur de l’assistance, des mutuelles et de l’assurance. Elle propose pour chacune une monographie approfondie et s’achève par une synthèse des résultats à partir des trois axes de l’analyse précédemment exposés. Le rapport conclut sur la persistance de certains paradoxes relatifs au télétravail, sur les ambiguïtés qui traversent ses modalités de régulation et sur sa possible dilution dans d’autres enjeux de négociation. De fait, si le télétravail n’est pas un droit, il tend à être considéré comme tel par de nombreux salarié·e·s, ce qui n’est pas sans poser de nombreuses questions, notamment aux directions qui cherchent aujourd’hui globalement à en réduire l’usage, et aux représentant·e·s du personnel et aux syndicalistes, souvent bousculé·e·s par les ambivalences qui traversent les usages du télétravail.