Depuis le 1er janvier 2005, les entreprises européennes cotées ont l’obligation de reporter leurs comptes aux normes IFRS. Ces dernières visent en premier lieu à améliorer la qualité et la comparabilité de l’information comptable à destination des marchés financiers.
Cependant, certains travaux démontrent une certaine obsolescence de ces normes à refléter la réalité économique de l’entreprise en mettant en avant les limites du principe de la valorisation des actifs à leur juste valeur.
D’autres concluent au fait que la transparence comptable permise par le passage aux normes IFRS est particulièrement plus visible dans les sociétés non cotées qui reportent volontairement leurs comptes en se conformant à ces standards.
Ces résultats nous amènent à réfléchir sur le rôle joué par le caractère obligatoire des normes IFRS dans l’analyse de la réalité économique des sociétés concernées. Tel est l’objet de cette étude qui vise à expliciter et à comparer les déterminants des décisions de gestion des sociétés cotées et non cotées moyennant des données individuelles d’entreprises françaises.
Cette étude analyse ainsi l’évaluation de l’impact de l’adoption des normes IFRS sur les décisions de gestion des entreprises, avec un focus particulier sur l’emploi, la rémunération, la croissance et la création de richesse. Pour ce faire, les comportements de deux échantillons d’entreprises françaises « jumelles » ont été étudiés sur la période 2010-2018, l’un composé de sociétés cotées ayant l’obligation de publier leurs comptes aux normes IFRS, et l’autre de sociétés non cotées reportant volontairement leurs comptes aux mêmes normes.
Les résultats obtenus convergent vers le fait que les normes IFRS représentent une étape indispensable à l’internationalisation des entreprises non cotées. Ce choix est généralement guidé par une stratégie de croissance et de développement de la part de ces dernières moyennant l’accès à de nouvelles sources externes de financement, compte tenu du coût qu’engendre le passage aux normes IFRS, les attentes des parties prenantes ne sont pas la seule variante que les sociétés non cotées prennent en considération. Les résultats obtenus montrent que leurs décisions sont essentiellement régies par la prise en compte du capital humain comme avantage concurrentiel, notamment en phase de croissance, durant laquelle la rémunération de ce facteur augmente par le biais du retour sur investissement et au détriment de la rémunération des associés.
En revanche, ceci n’est pas le cas des sociétés cotées publiant obligatoirement leurs comptes aux normes IFRS pour qui, ce lien économique n’est pas confirmé et pour qui, le taux d’investissement semble impacter négativement la rémunération du facteur travail. Ces dernières, qui ont généralement déjà atteint une certaine taille critique, se contentent généralement de maintenir leur positionnement sur le marché, notamment par le biais d’une croissance externe.
Les résultats de ce rapport mettent en lumière une certaine supériorité de la stratégie d’entreprise sur le choix des normes comptables. Ainsi, les firmes qui gagnent le plus de l’adoption des normes IFRS sont celles qui se conforment le plus à celles-ci. Cela ne remet toutefois pas en cause les effets potentiellement bénéfiques de la mise en vigueur de pratiques entourant la transparence des données comptables des entreprises.