L’objectif de ce rapport est de mettre en évidence la manière dont les caractéristiques individuelles,les parcours scolaire et professionnel déterminent les chances d’être cadre en début de vie active pour les jeunes générations. Comment le rôle de ces mêmes caractéristiques continue de jouer ou non après quelques années de vie active ? Jouent-elles de la même manière selon le contexte économique dans lequel les jeunes ont démarré leur vie professionnelle ? Quels sont parmi les diplômés de l’enseignement supérieur ceux qui deviennent ou ne deviennent pas cadre au cours des toutes premières années de vie active ou quelques années plus tard. On montre que ce sont les diplômes de niveau bac+ 5 et au-delà qui sont et demeurent la clé d’entrée aux emplois de cadres, d’autant plus encore lorsque la conjoncture économique est dégradée. Les diplômes d’ingénieur plus encore que les écoles de commerce ou les autres bac+5 (master ou ancien DEADESS) assurent un accès aux emplois de cadres rapide à l’issue de l’obtention de ces titres scolaires, mais aussi, le plus important, après quelques passées sur le marché du travail. Déjà déterminante de la réussite scolaire, l’origine sociale favorisée est aussi un des facteurs clés : l’accès aux emplois de cadre est d’autant plus facile et rapide que les deux parents du jeune, débutant ou un peu plus expérimenté, sont eux-mêmes cadres. Par ailleurs, le genre est encore et toujours un déterminant majeur pour devenir cadre. Alors que les jeunes femmes sont globalement plus diplômées que les jeunes hommes, elles ont non seulement un accès moindre à la catégorie cadre mais aussi plus lent, y compris à diplôme égal.
Au fil du temps passé sur le marché du travail, le diplôme conserve son rôle prédominant pour accéder à la position cadre. Pour autant, l’expérience antérieure accumulée sur le marché du travail est payante pour l’accès aux emplois de cadres, et le rôle de l’ancienneté dans le dernier emploi détenu par les jeunes joue un rôle encore plus important depuis la Grande Récession de 2008. Ceci laisse penser que depuis la crise, devenir cadre est d’autant plus possible via une mobilité interne plutôt qu’externe à l’entreprise.