Les réseaux sociaux font aujourd’hui partie du quotidien des Français et aucune sphère de la vie sociale n’y échappe. Le syndicalisme a également investi ces outils de communication depuis plus de dix ans. Que peut-on dire aujourd’hui sur leurs usages à tous les niveaux des organisations syndicales ? Quels objectifs servent-ils ? Comment s’inscrivent-ils dans la panoplie des modes d’actions existants ? Sont-ils susceptibles de transformer les relations des syndicats avec les travailleurs et la communication au sein des organisations syndicales (OS) ?
Pour répondre à ces questions, l’étude réalisée s’appuie sur plusieurs types de données : outre l’analyse des documents ou discours présentant la position de cinq grandes OS (CFE-CGC, CFDT, CFTC, CGT, FO), exprimées notamment lors des congrès, une première série d’entretiens a été réalisée avec les personnes en charge des réseaux sociaux dans ces cinq mêmes OS, afin de comprendre la stratégie digitale de chaque organisation et leur déclinaison pratique. Une deuxième série d’entretiens complémentaires a permis d’interroger une douzaine de militants locaux utilisant de manière importante, dans leur activité syndicale, les outils numériques. Enfin, l’analyse quantitative et qualitative des réseaux sociaux a complété l’étude. Des observations d’échanges en ligne ont été réalisées, principalement sur Facebook et Twitter, complétées par une analyse statistique à partir de données récupérées sur les pages Facebook des cinq organisations syndicales pendant 5 mois.
En prenant appui sur ce matériau, le rapport s’articule en trois temps. Nous proposons tout d’abord une revue de littérature qui mobilise la sociologie des relations professionnelles et la sociologie du numérique pour faire un état des recherches sur l’usage des réseaux sociaux numériques (RSN) par les syndicats mais également dans d’autres contextes, afin de dégager des questions de recherche et apporter des éléments de comparaison. Dans la deuxième partie du rapport, nous étudions la manière dont les confédérations, et plus largement leurs community managers ou leurs responsables de la communication, promeuvent une organisation pour les RSN et participent à la définition d’une stratégie digitale. Enfin, dans une troisième partie, nous présentons un certain nombre de cas, très divers, d’usage des RSN à différents niveaux locaux d’organisation des syndicats. Regrouper ces cas en grandes questions nous permet de poser un certain nombre d’hypothèses.