Et si le revenu de base, qui, sous différentes appellations, refait régulièrement surface, n’avait que pour unique objet ou pour malencontreuse conséquence, selon le point de vue que l’on adopte, de porter le coup de grâce au pacte social français issu du programme du Conseil national de la Résistance (le fameux Etat Providence) ? L’auteur de cette étude préfère voir dans la réflexion à laquelle nous convie ce dispositif riche en questionnements, l’occasion, au contraire, de le mener à son terme : la sécurisation du parcours de vie de chaque personne. D’où son titre – Par le revenu de base, achever l’Etat Providence ? – qui joue sur la polysémie du verbe « achever ».
Avant de parvenir à cette conclusion, cet essai dresse la généalogie du revenu de base et répond successivement à de nombreuses interrogations parmi lesquelles figurent les raisons qui justifieraient sa mise en œuvre : l’éradication ou la dissimulation de la pauvreté ? La fin supposée ou réelle du travail liée à la généralisation du numérique ? Certains y voient même une réponse à tous les maux dont souffrent nos contemporains : les inégalités salariales entre les femmes et les hommes, la discrimination envers les jeunes et les seniors, les disparités régionales, l’arrêt de la construction européenne. Cette étude pose également les questions relatives à son montant, ses destinataires et ses modalités de financement, puis elle dresse un état des lieux des différentes expériences et expérimentations tentées à l’étranger. Elle tente, enfin, de montrer que revenu de base et protection sociale classique qui repose à la fois sur l’assurance et la solidarité ne pourraient que difficilement coexister.