Les dispositifs d’épargne salariale, créés par le général de Gaulle à la fin des années 50, visaient à réconcilier le capital et le travail au service de la relance économique de la France, d’une meilleure redistribution de gains de la croissance et d’une meilleure reconnaissance du travail des salariés. L’épargne salariale avait été pensée pour favoriser la construction d’une communauté d’intérêts entre l’ensemble des parties prenantes de l’entreprise. Plus qu’un simple outil financier, elle s’inscrivait au cœur d’un nouveau projet économique et social de la France et était conçue comme un moyen de repenser le rôle et les fonctions de l’entreprise dans la société. Avec la mise en place de nombreux dispositifs juridiques et fiscaux encadrant l’épargne salariale, la France est devenue l’un des pays leader en Europe en la matière.
Pourtant, ces dispositifs sont loin d’atteindre les objectifs initialement assignés, que ce soit en termes de productivité ou d’amélioration des conditions des salariés. Plus encore, les débats récurrents depuis sa création autour du rôle et de la responsabilité de l’entreprise à l’égard des parties prenantes sont toujours aussi vifs. Pour l’auteur de cette étude, la construction d’une communauté d’intérêts ne passera sans doute pas par des aménagements législatifs et réglementaires supplémentaires ni par des discours opposant frontalement deux conceptions différentes de l’entreprise : démocratie sociale contre liberté du capital.
Cette étude montre qu’il est possible de renouveler le débat tout en redonnant un nouveau souffle à l’épargne salariale si d’autres dimensions non financières sont prises en compte, comme les modes d’organisation du travail et de management, les relations sociales jusqu’à la gouvernance d’entreprise. Cette étude plaide pour une réflexion globale sur l’ensemble des dispositifs de participation des salariés. Elle offre une analyse originale en articulant de manière multidimensionnelle l’ensemble des dispositifs de participation des salariés allant de la participation financière à la participation aux décisions. L’objectif visé par l’auteur est de démontrer que c’est la recherche d’une complémentarité entre l’ensemble des dispositifs qui sera plus efficace pour favoriser la communauté d’intérêts et ainsi jeter les bases d’un capitalisme partagé en France.
Ce nouveau paradigme d’entreprise vise aussi à donner des clés d’analyse prospective pour que les défis en matière de compétitivité, d’innovation et d’amélioration des conditions de travail des salariés puissent être relevés et profitables pour le plus grand nombre des citoyens. L’auteur pose enfin la question de la pérennité de l’épargne salariale face aux défis futurs en matière de nouvelles formes d’organisation du travail et des mutations du travail.