Le droit au repos, et d’une manière plus large le droit aux vacances, constituent, il est bon de le rappeler, un droit fondamental. Ils procèdent d’une part des Conventions 101 et 132 sur les congés payés de l’Organisation Internationale du Travail et d’autre part de la loi de 1998 dite contre les exclusions qui les consacre ainsi dans son article 140 : « l’égal accès de tous, tout au long de la vie, à la culture, à la pratique sportive, aux vacances et aux loisirs constitue un objectif national. Il permet de garantir l'exercice effectif de la citoyenneté ».
Vingt ans plus tard, Michelle Demessine, présidente de l’UNAT (Union Nationale des Associations de Tourisme et de plein air) et par ailleurs ancienne Secrétaire d’Etat au Tourisme du gouvernement Jospin (1997-2002) rappelait en 2018 : « Le droit aux vacances, c'est avoir la possibilité de pouvoir partir comme tout le monde au moins une fois par an en vacances en famille ou pour les enfants de pouvoir partir en colonie de vacances ; il a été reconnu en 1998 comme droit fondamental dans la loi de lutte contre les exclusions. Ne pas pouvoir y accéder, c'est un creusement des inégalités ».
Pour autant, malgré ces avancées législatives, le droit aux vacances n’est toujours pas une réalité pour tous et il est par ailleurs fortement malmené depuis de nombreuses années. Les chiffres sont éloquents : un Français sur deux ne part pas en vacances, ce qui est aussi le cas pour un enfant sur trois. Au total, plus de 22 millions de personnes ne peuvent toujours pas exercer ce droit, sachant que pour 65% des Français concernés la privation de vacances est liée à des contraintes financières.
Les clivages sociaux s’illustrent ainsi parfaitement dans le rapport aux vacances, corroborant sur ce point la thèse développée par Jérôme Fourquet sur une « archipellisation » de l’hexagone : entre une classe aisée et créative dans un rapport ambivalent aux vacances, empreint d’hédonisme mais également de préoccupation morale autour des enjeux climatiques (le « flight shaming ») et des classes populaires pour qui les vacances restent avant tout un moyen de « recharger les batteries » face à la rudesse du monde du travail, la relation aux vacances trahit des approches aux antipodes et reflète une multitude d’inégalités économiques et sociales.
Cette étude veut interroger la réalité du droit aux vacances aujourd’hui afin de réfléchir sur les voies d’amélioration de son effectivité, en identifiant les principaux freins au départ puis en envisageant des solutions pour les lever, notamment à travers les dispositifs d’aide et d’accompagnement social.