La crise sanitaire a mis en lumière la précarité des saisonniers et saisonnières. Souvent stigmatisé·es et mal connu·es, voire invisibilisé·es, ces salarié·es sont peu l’objet de l’attention des pouvoirs publics malgré des problématiques récurrentes de logement et de conditions de travail. Pour autant, si de nombreuses études existent sur ce statut d’activité, elles portent le plus souvent sur un secteur d’activité ou sur un territoire. Rares sont celles qui permettent de saisir ce qui fait la saison et ses spécificités quel que soit le secteur d’activité. La statistique publique elle-même peine à les comptabiliser.
L’étude réalisée contribue à sortir d’une approche uni-sectorielle en considérant plusieurs secteurs d’activités particulièrement concernés par le travail saisonnier, et à enrichir les connaissances existantes par l’analyse de la diversité des profils sociaux et des parcours professionnels des saisonniers et saisonnières. En considérant trois secteurs très différents du point de vue de leurs structurations, de leurs modes d’emploi et de leurs conditions de travail - l’agriculture, les remontées mécaniques et l’hôtellerie-restauration, l’étude dépasse leurs spécificités sectorielles pour faire émerger les particularités des besoins des saisonniers et saisonnières.
Au total, 49 entretiens ont été conduits auprès de saisonniers et saisonnières, d’entreprises ayant recours au travail saisonnier, auprès d’organismes de formation et/ou de conseils auprès des entreprises sur les ressources humaines et enfin auprès des acteurs de ces branches.
La main d'œuvre saisonnière est essentielle dans l’activité économique des territoires considérées, et, depuis la pandémie mondiale, certains secteurs sont confrontés à des pénuries dans les recrutements. Si les conditions de travail et d’emploi diffèrent dans les trois secteurs d’activité étudiés, la pénibilité du travail est commune à tous et pose la question de la soutenabilité de ces activités saisonnières du point de vue des parcours des travailleurs et travailleuses. Sans intersaison, sans périodes de repos, ces emplois ne seraient pas tenables. Les résultats de l’étude permettent d’identifier plusieurs types de besoins, transverses aux différents secteurs d’activité. Les problématiques de formation professionnelle, de santé au travail, de logement et de protection sociale sont autant de sujets sur lesquels l’action publique peut contribuer à sécuriser davantage les parcours professionnels.