Cette recherche-action s’inscrit dans des travaux de recherche et des activités syndicales de longue date, cherchant à comprendre les transformations structurelles du monde du travail.
Depuis de nombreuses années, nos travaux académiques approfondissent différents axes permettant de mieux comprendre et d’expliquer les vecteurs de transformation, d’intensification du travail, de dégradation des conditions de travail. Nos travaux les plus récents vont dans le sens d’une perte de sens au travail, avec des répercussions sur la santé des travailleurs et des travailleuses.
Cette préoccupation académique a rencontré une préoccupation syndicale. En effet, les salariées du secteur de la santé et du médico-social évoquaient depuis plusieurs années la question des outils technologiques venant bousculer leur travail et leurs pratiques professionnelles, sans pour autant que cela ne parvienne à constituer un sujet syndical.
L’appropriation syndicale de ces questions est devenue un enjeu, nécessaire pour construire des revendications et réaffirmer la place des salarié.es et de leur.es représentant.es sur ces questions
qui touchent de plein fouet la question du travail, de sa qualité, de son organisation et de son sens.
Dans cette recherche, le choix a été fait par l’équipe composée de syndicalistes et de chercheuses d’articuler étroitement recherche et action. En effet, l’objectif n’est pas seulement de réaliser une recherche pour mieux comprendre et expliquer l’impact des outils sur le travail, mais bien de le faire conjointement avec les syndicats des établissements et services concernés. Ce temps dédié à la compréhension et l’analyse collectives constitue une première étape d’investissement syndical, sur ce champ relativement nouveau pour l’activité syndicale, en vue d’une appropriation syndicale. C’est tout l’objectif de cette recherche-action qui est partie de l’hypothèse de la généralisation d’une perte de sens, du fait de la contradiction entre un modèle d’organisation reposant sur l’objectif d’efficience et un modèle reposant sur l’objectif d’efficacité, à la base du sens du travail porté par les salariées permettant de répondre aux besoins. Si notre recherche-action a permis de vérifier cette hypothèse, elle nous a permis d’aller plus loin. Plus qu’un modèle d’efficience visant à réduire les coûts par acte réalisé, c’est à une profonde transformation du service et du travail à laquelle on assiste, à l’aide des outils numériques : une transformation d’un service et d’une relation d’aide en un produit marchand.